Suite aux dispositions administratives prises par l’État Ottoman en 1867, Maraş devint un sandjak rattaché à la province d’Alep. Voici les sous-préfectures du Sandjak de Maraş : le siège de la sous-préfecture de Maraş, İslâhiye, Zeytoun, Elbistan, Göksun, Andırın, Bulanık, Pazardjık et Hassa. Bien qu’il n’y ait pas de changement dans la position de Maraş, après les mesures administratives, il a été déterminé que les sous-préfectures telles que Elbistan, Zeytoun, Pazardjik et Andirin se rattachent à Maraş. En effet, la deuxième constitution mène Maraş à devenir un sandjak indépendant. (Günay, 2007, p. 55).
En 1526, selon les estimations, 7068 personnes, tous de confessions musulmanes, vivaient dans les 51 quartiers de la ville de Maraş (Solak, 2002, p. 30). En 1563, la ville de Maraş comptait 42 quartiers et la ville était inhabitée par les non-musulmans. (Yinanç, 1986, p. 20). Dans la même année, à Maraş, 40135 imposables sur la taxe des villes et des villages avaient été enregistré. 90% c’est-à-dire, 36088 contribuables étaient musulmans, et les 10% étaient des non-musulmans. À cette période, les 829 villages de Maraş étaient majoritairement peuplés uniquement par les musulmans. Parmi ces villages, seuls quarante villages étaient habités par les non-musulmans et onze villages les hébergeaient ensemble. La grande majorité des non-musulmans étaient rassemblé dans le canton de Zeytoun (Yinanç-Elibüyük, 1988, p. XXXII). Bien qu’il n’y ait aucune trace dans les registres sur l’existence des non-musulmans dans la ville de Maraş, 737 foyers familiales Arméniennes et 15 moines se trouvaient à Zeytoun. (Göyünç, 2005, p. 56). En 1619, Simeon de Pologne venant à Maraş constate 20 foyers Arméniens aux alentours de cette ville et un autre voyageur note qu’il existe 25 familles arméniennes (Simeon, 1999, p. 253). Cependant, le sujet concernant la demeure à la ville où à proximité des villages des familles en question n’était pas très clair. Puisque, dans le XVIIème siècle, Evliya Çelebi sillonnant Maraş, citait une population de dix mille personnes avec quarante deux quartiers dans la ville, constituée entièrement par des Turkmènes. (Evliya Çelebi, 1985, p. 46).
Dans l’État Ottoman, le premier recensement officiel a été prélevé en 1831 avant la détermination des imposants ou bien de l’exécution des terres. L’objectif de ce recensement était de déterminer les circonscriptions et les contribuables (Eryılmaz, 1988, p. 69-91). Le premier recensement de l’État Ottoman n’avait pas été effectué à Maraş. Toutefois, le voyageur français, Charles Texier, ayant visité Maraş en 1835, donnait une idée sur la ville en annonçant une population de 6.000 personnes dont un tiers représenté par les Arméniens (Texier, 2002, p. 109).
En 1850, seulement cinq quartier sur trente-huit était peuplé uniquement par les musulmans, alors que les trente-trois autres quartiers étaient habités par ces deux confessions. À cette date, la ville était composé de 3.655 foyers dont 2.212 appartenaient aux musulmans, 1.420 aux Chrétiens et 23 aux Juifs. En 1850, 257 villages affiliés à Maraş dont les 191 étaient occupés uniquement par les musulmans tandis que les non-musulmans et musulmans vivaient ensemble dans les 66 autres villages. Dans la même année, alors que la population estimée de Maraş était de 62.110, les musulmans représentaient 81% de la population totale de la ville ou bien 50.600 personnes. La proportion de la population totale des non-musulmans étant environ de 11.510 personnes étaient de 19% (Doğan, 1999, p. 176-179). La population de la ville de Maras pourrait être identifié de manière plus réaliste d’après un document daté de 1856. En 1856, 6.797 Musulmans et 4.623 Chrétiens vivaient dans la ville de Maraş (BOA. A.MKT. UM., 240/14). Grâce à un document daté de 1856, il est possible d’identifier le nombre et la répartition religieuse des résidents des trente huitquartiers de Maraş. Selon ce document, dans 3.409 foyers vivaient 12.010 personnes, dont 7.007 musulmans dans 1.984 foyers, 4.926 Arméniens dans 1.402 foyers et 77 Juifs dans 23 foyers dans la ville de Maraş (BOA. Y. E. E., 37/37). En 1890, à Maraş, les musulmans représentaient 70% de la population avec 36.794 personnes, les Chrétiens représentaient 29% avec 15.315 personnes et les Juifs représentaient moins d’1% avec 182 personnes (SVH, 1890, p. 248). Selon les données mises en avant par le géographe français Cuinet en 1890, la proportion de la population de la ville était de 74% pour les musulmans et de 26% pour les Chrétiens (Cuinet, 2001, p. 94-100).
En 1894, la population totale du sandjak de Maraş était de 144.772, dont 114.994 Musulmans et 29.778 non-musulmans (Öztürk, 2006, p.777). À Maraş, les musulmans avaient une majorité de 70% avec 37.648 personnes contre 15.246 Arméniens-Protestants et Arméniens membres de la communauté catholique. Un tiers des hommes à Maraş et un homme sur six étaient alphabétisé dans la sous-préfecture de Zeytoun (SVH, 1894, p. 271-273). En conséquence, 9.541 hommes à Maraş et 1.240 hommes à Zeytoun étaient alphabétisés. Cependant, le nombre d’hommes musulmans et non-musulmans était imprécis.
En 1898, la population de la sous-préfecture de Maraş avait atteint 56.049 personnes en augmentant approximativement de 4.000 personnes. Les Musulmans formaient les 39.968, les Catholiques 3.283, les Arméniens 9.324, les Protestants 2.894 et les autres 580 personnes. Alors, à Maraş, les musulmans représentaient 70%, les Catholiques 5,9%, les Arméniens 16,9%, les Protestants 5,3%, les Juifs et les autres 2%. Ces documents révélaient l’augmentation de la population non-musulmane et musulmane sans problème. En 1898, dans la sous-préfecture d’Elbistan ; y vivaient 40.490 Musulmans, 328 Catholiques, 967 Arméniens et 325 Protestants. La même année, la population de la sous-préfecture de Zeytoun était ainsi : 8.075 Musulmans, 408 Catholiques, 8.597 Arméniens, 250 Protestants (SVH, 1898, p. 306-311).
En 1899, bien qu’aucun changement ne soient enregistré dans la sous-préfecture de Maraş, il eut de petites différences par rapport à l’année précédente dans les sous-préfectures d’Elbistan et de Zeytoun. Il est question d’une diminution de 57% des Catholiques vivant à Zeytoun. (SVH, 1899, p. 327-333). Ni sur le chiffre des Catholiques ni sur la situation à Maraş ou à Elbistan, un tel accroissement n’est observé. Les registres démontrant l’inexistence du changement de confession prouvent la migration à l’étranger ou l’emménagement vers d’autre villes des Catholiques vivant auparavant à Zeytoun.
Et en 1900, la croissance de la population a continué dans la ville de Maraş et 58.219 habitants avaient été enregistrée. La question la plus importante de ce bilan, était l’augmentation de 29% de la population Catholique à Maraş. Le nombre de femmes Catholiques avait augmenté de plus de 100 personnes à Zeytoun. Alors que le nombre de protestants augmentait de 71 personnes, le nombre d’ Arméniens diminuaient de 92 personnes (SVH, 1900, p. 343-349). Cette situation démontre la probabilité de changement de confession Catholique ou Protestant des Arméniens. La croissance de la population Catholique de Maraş devrait être liée à la baisse du chiffre des Arméniens catholique dans les registres de Zeytoun en 1899. Car, les Arméniens de Zeytoun lorsqu’ils avaient migré à Maraş, ils semblent ne pas apparaître dans les registres de 1899. D’autre part, le ré-enregistrement des femmes catholiques vivant à Zeytoun, montre qu’elles se déplaçaient pour des emplois saisonniers (Sykes, 2000, p. 71). Autres renseignements importants : dans l’annuaire publié en 1900, l’apparition des citoyens des autres États enregistré comme « étranger » dans les annuaires précédents et l’apparition pour la première des grecques orthodoxes dans la population de Maraş.
En 1901, Maraş comptait 59.112 habitants et Zeytoun en comptait 16.224. (SVH, 1901, p. 361, 367). Les documents ottomans maintenus pour Zeytoun en 1902 sont identiques aux précédents. Cependant, de très grandes différences ont été constaté entre les sources arméniennes et les données ottomanes. Les sources arméniennes en omettant la population musulmane, prétendent l’existence de 37.500 Arméniens à Maraş et 18500 à Zeytoun. (Marashlian, 1991, p. 98-99). En 1902, d’après les registres ottomans la population de Maraş comptait 43.728 Musulmans, 4.135 Catholiques, 9.270 Arméniens, 2.922 Protestants, 211 Juifs, 20 étrangers, 5 Grecques orthodoxes (SVH, 1902, p. 370).
En 1905, des changements significatifs par rapport aux registres précédents apparaissent dans les registres tenus pour la population de Maraş. Dans les registres antécédents, le chiffre des Grecques orthodoxes était de cinq. Suite à leurs changements de confessions qui était le Catholicisme, ce chiffre fut devenu six. En revanche, malgré l’absence dans les registres précédents une nouvelle communauté prend place dans le recensement avec des noms latins. Lorsqu’un accroissement important du nombre d’étrangers installé dans la ville s’y ajoute, la population de la ville subit un surcroît de 4,6% par rapport à la précédente. La même année, le voyageurs Markes Sykes affirmait la présence des 8.000 personnes à Zeytoun (Sykes, 2000, p. 74). En 1905, la structure de la population de Maraş avait été enregistrée ainsi : 46.575 Musulmans, 11.180 Arméniens, 3.567 Catholiques, 4.057 Protestants, 213 Juifs, 1.510 Etrangers, 6 Grecques Catholiques, 884 Latins (SVH, 1905, p. 469).
En 1908, aucune différence n’était retenu dans les enregistrements détenus en 1905 lors de la répartition de la population de Maraş et Zeytoun (SVH, 1908, p. 469, 478). En 1914 à Maraş, 50.356 Musulmans, 13.260 Arméniens, 11 Grecques Orthodoxes et 151 Juifs y vivaient. La même année à Zeytoun, 80.69 Musulmans et 10.050 Arméniens avaient été enregistré (Shaw, 1980, p. 204). Le nombre d’Arméniens Catholique et Protestants ne figurant pas dans les données publiées par Shaw est disponible dans les études de Karpat. Par conséquent, lorsque 3.808 personnes vivaient à Maraş et 182 Arméniens de confession Catholique à Zeytoun, le nombre d’Arméniens Protestants à Maraş était de 4.972 et 486 à Zeytoun. Les registres prétendu sont considéré compatible avec ceux de l’année 1908. De même, lorsque la population Arménienne accroissait, la population Musulmane diminuait. Le principal facteur influant cette situation était la conscription que devaient accomplir les hommes Musulmans.
Selon certains écrivains arméniens, le nombre d’Arméniens vivant à Maraş entre 1913-1914 était de 32.844 (Kévorkian et Paboudjian, 1992, p. 58). La population totale déterminée par Shaw et Karpat était de 22.040 Arméniens. Ici, une importante différence est considérée avec les registres ottomans. La même source, en notant la présence de 22.456 Arméniens dans la sous-préfecture de Zeytoun, ignorent les musulmans de Maraş et de Zeytoun. D’après Shaw et Karpat, en se basant sur les sources ottomanes, le nombre de la population Arméniens était inférieur à la moitié de ce chiffre. D’autre part, d’après certains écrivains arméniens la population musulmane a été ignorés. Selon la conviction de certains écrivains occidentaux une population chrétienne de 24% à 29% était présente dans une géographie plus large comprenant Maraş, Niğde, Kayseri et Adana. Alors que, en prenant en compte les déplacements de populations, même pendant la période où la population Arménienne était la plus nombreuse de Maraş, elle était entre 21% et 23%. (Panzac, 1997, p. 135).
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