Zeïtoun, actuel Süleymanlı, était un ancien centre d’habitation situé au Nord-Ouest de Kahramanmaras, à 3014m d’altitude entre la rivière de Göksun et le fleuve Ceyhan, fondé au pied du mont Berit, mont abrupt et couvert de forêt, dans une étroite vallée au dessus du ruisseau Zeytun. La région dans laquelle se situe Zeïtoun est très dentelée, du fait des nombreux cours d’eau et de leur fort courant. On appela cet endroit “Zeïtoun” car on trouve de nombreux oliviers[1] sur chaque flanc de la montagne (Ahmet Cevdet Paşa, 1991, 120-121). La sous-préfecture de Zeïtoun, située dans le vilayet d’Alep et reliée au sandjak de Kahramanmaras, est un lieu très important du point de vue du développement des relations turco-arméniennes. Les Arméniens Zeïtouniotes avaient pris l’habitude de ne pas payer leurs impôts en profitant de la difficulté que ce serait pour le gouvernement d’atteindre cet endroit abrupt et montagneux dans lequel ils habitaient. A cause du fait que certains Arméniens Zeïtouniotes voyaient le banditisme comme un source de revenus, il y avait depuis des générations des révoltes dans cette région. On note que le nombre de ces révoltes, apparemment généralement causées pour ne pas payer d’impôts, augmenta beaucoup à partir du dernier quart du 18ème siècle (Günay, 2007, p. 228-230).
Le fait que les Arméniens habitant Zeïtoun soient constamment en révolte attira l’attention des missionnaires qui étaient en action en Anatolie. En 1832, les missionnaires liés au “American Board of Commisioners for Foreign Missions” qui travaillait pour la restauration des 10 églises arméniennes de la région de Kahramanmaras se réunirent à Istanbul et se mirent en corrélation avec les Arméniens habitant ces villes qui étaient leur objectif. Ainsi, en bénéficiant du soutien des étrangers, les Arméniens Zeïtouniotes attaquèrent les villages musulmans de la région. Là dessus, Bayezidoğlu Süleyman Pacha assiégea Zeïtoun. Même si ce siège fut assez efficace, il fut levé sans avoir atteint le résultat espéré à cause d’un rude hiver. Les Arméniens de Zeïtoun provoquèrent également des incidents en 1836, 1840 et 1842. Afin de comprendre pourquoi les Arméniens Zeïtouniotes semaient autant le trouble, le gouvernement envoya une délégation pour enquêter dans la région. Il ressorti des conclusions de l’enquête dans la région et des rapports lus dans le Palais de justice que les révoltes à Zeïtoun n’étaient plus liées à une histoire d’impôts, mais qu’elles avaient pris une dimension politique (Günay, 2007, p. 230-231).
Le comportement des Arméniens de Zeïtoun, qui ne reconnaissaient pas l’autorité de l’Etat, continua en 1853 et 1854. Le Firman Hatti-Humayoun de 1856 et ses ajustements, ne put étouffer les heurts de la population de Kahramanmaras qui commencèrent en 1854 aussi à cause des frictions entre les familles Bayezid et Dulkadır. Afin d’étouffer les troubles qui débutèrent au début du mois de mai, le gouvernement prit des mesures, dont envoyer des troupes en renfort dans la région (A. MKT. UM, 236/15) et collecter les armes des personnes vivant dans la région de Kahramanmaras et Zeïtoun (A. MKT. UM, 240/14). En 1857, les Arméniens de Zeïtoun réagirent face au projet d’installer de nombreux migrants Circassiens et Caucasiens, et de donner l’hospitalité à certains migrants à Elbistan (MVL, 628/327). En 1860, alors que les Arméniens augmentaient les attaques contres des migrants, Hurşit Pacha assailli les Arméniens Zeïtouniotes qui ne payaient pas les taxes et qui faisaient pression dans Kahramanmaras. La campagne d’Hurşit Pacha se solda par un échec, et Aziz Pacha fut nommé à sa place (Aghassi, 1897, p. 112-113).
Après la promulgation du Firman Hatti-Humayoun, l’Empire Ottoman connu des troubles dans plusieurs régions. Les troubles les plus importants furent ceux vécus au Liban. En effet, au Liban, les Maronites étaient protégés par la France, et les Druzes par l’Angleterre. Pour de diverses raison, il n’y avait pas d’unité entre les Maronites (Karpat, 2001, p. 68-69). Les sunnites et les Druzes, voyant une occasion de réétablir leur domination en profitant des divisions entre les Maronites, furent la cause de tensions dans les relations entre les communautés libanaises. Les incidents se propagèrent jusqu’en Syrie, et entre 7000 et 12000 personnes de chaque religion perdirent la vie. Le sujet prit une dimension internationale pour la France et l’Angleterre, et le 9 juin 1861 le Liban eut le statut de province indépendante et privilégiée (Shaw&Shaw, 1983, 183). Davit Efendi, un Arménien catholique, fut nommé vizir du sandjak du Liban (Karal, 1983, p.41).
En plus d’endommager la réputation de l’Empire Ottoman dans la région, ces administrations indépendantes arrivées avec la pression des grandes puissances, furent la raison de nouveaux troubles puisque les autres sujets ottomans voulurent eux-aussi avoir ce type d’administration (İlter, 1995, p. 102). Les Arméniens Zeïtouniotes demandèrent de l’aide à la France afin d’obtenir un statut analogue à celui du Liban. L’Empereur français Napoléon, même s’il avait promis l’indépendance aux Arméniens de Zeïtoun en les aidant dès le début (Jorga, 2005, p. 546), averti l’Empire Ottoman de la situation suite au refus des Arméniens de Zeïtoun de se convertir au catholicisme comme le voulait la France (Nalbandian, 1958, p.119). Même si la France n’a pas soutenu les Arméniens de Zeïtoun, ces derniers prirent ensuite l’habitude de demander de l’aide aux diplomates et gouvernements européens (İlter, 1995, p. 105).
Bien que les Arméniens Zeïtouniotes s’insurgeaient auparavant pour s’opposer aux lois mises en place par l’Etat, ils commencèrent après 1860 à s’insurger pour atteindre leur objectif de fonder un Etat indépendant (Jorga, 2005, p. 504), pour attirer l’attention des grandes puissances, et pour troubler la paix au sein de l’Empire Ottoman (Günay, 2005, p. 236). La raison manifeste des révoltes de 1860 et de 1862 était de s’opposer à l’établissement de migrants musulmans à Kahramanmaras. Suite aux attaques sur les villages musulmans de la région et aux massacres mis en place par les Arméniens Zeïtouniotes, le gouverneur de Kahramanmaras, Aziz Pacha, attaqua Zeïtoun avec des troupes irrégulières formées essentiellement par des volontaires et deux canons de montagne. Cependant, il ne fut pas victorieux, et l’un des canons de montagne passa aux mains des Arméniens (A. MKT. MHM, 244/10). L’avantage des Arméniens ne dura pas longtemps. Les Arméniens des environs du village de Alabaş subirent une défaite face à Aziz Pacha. Ce dernier fit savoir au Ministère des Affaires Etrangères le 27 août 1862 qu’il avait apporté la sécurité à Zeïtoun, que les Zeïtouniotes avaient fait part de leur repentir, qu’ils avait même payé leurs dettes aux impôts, et qu’il n’était pas entré dans Zeïtoun afin d’éviter le pillage (OBE I, document numéro : 153, p. 340). Même si l’ordre était revenu dans la ville, les Arméniens de Zeïtoun se plaignirent du gouverneur de Kahramanmaras Aziz Pacha et de ses pratiques au patriarcat et à la France. Le gouvernement Ottoman forma une commission, dans laquelle se trouvaient également des membres Arméniens, et l’envoya dans la région. Aziz Pacha fut déchargé de sa mission (A. MKT. MHM, 240/77). Dans le rapport préparé après les investigations, il est dit que les Arméniens Zeïtouniotes ont attaqué des villages musulmans, qu’ils ont massacré les populations, qu’ils ont combattu contre les soldats dont la mission était de sécuriser la région, et qu’il faut punir les coupables en les jugeant (OBE I, document numéro 157, p. 344).
L’Empire Ottoman voulu mettre en place dans la région le “Fırka-i Islâhiye” (Division de Rénovation), des grandes mesures économiques et administratives (Ahmet Cevdet Paşa, 1991, p. 108-120, 212-213), pour pouvoir devancer les troubles qui se produiraient très probablement par la suite. Les autres Arméniens ottomans, quand à eux, s’inspirèrent, après ces évènements, de la lutte entre le gouvernement Ottoman et les Arméniens Zeïtouniotes pour leurs rébellions. Ils considérèrent les Arméniens vivant à Zeïtoun comme des héros et appelèrent la ville le « nid d’aigles » (Svazlian, 2005, p. 61). Ils écrivirent des poèmes et des romans sur eux et sur leur lutte (Çelebyan, 2003, p. 22-23), les transmirent aux Arméniens vivant dans d’autres régions et participèrent ainsi au gonflement de leur sentiment national.
Les Arméniens de Zeïtoun, mécontents des ajustements faits par l’Empire Ottoman dans leur région, continuèrent à avoir une attitude rebelle dans les moments difficiles de l’Empire. Par exemple, lors de la guerre contre les Russes de 1877-1878, ils se révoltèrent car ils n’avaient pas étés engagés dans l’armée. Ils marchèrent sur les villages musulmans et brûlèrent des mosquées. Ils attaquèrent le clan des Bozdoğan et tuèrent certains de ses membres. Le gouvernement fit un décret pour que les Zeïtouniotes puissent entrer dans l’armée (ATASE, ORH, K. 2-10, G. 897). Cependant, cela n’assura pas leur attachement à l’Etat.
Les représentants des pays étrangers, s’appuyant sur leur droit de protéger les Arméniens inscrit dans le Traité de Berlin, commencèrent à faire pression à l’Empire Ottoman au sujet des Arméniens. Lors des révoltes de 1878, les Arméniens Zeïtouniotes étaient soutenus par l’Angleterre. En conséquence, cela donna du courage aux Arméniens et les troubles continuèrent pendant l’année 1879. Les grandes puissances, en rappelant l’article 61 du Traité de Berlin à l’Empire Ottoman, demandèrent que les réformes nécessaires soient faites aux endroits nécessaires, et qu’une commission soit formée afin d’enquêter sur les troubles de Zeïtoun. Le vive-lieutenant gouverneur de Kahramanmaras, Mazhar Pacha ainsi que Nuryan Efendi, un membre du Conseil d’Etat, furent chargés d’enquêter sur le sujet. Par la suite, le consul d’Angleterre à Alep et le catholicossat de Cilicie rejoignirent cette commission (Günay, 2007, p. 257). A la fin de l’enquête de la commission, le gouvernement accepta des requêtes telles que : réduire les impôts des Zeïtouniotes Arméniens, leur faire une amnistie générale, leur rendre leurs armes, de leur donner l’autorisation d’entrer dans l’armée au lieu de leur faire payer un tribut, et d’interdire l’entrée dans les environs de Zeïtoun aux tribus et clans (Y. A. RES, 4/27). Le gouvernement mit en place une nouvelle administration dans la région. Un sous-préfet adjoint chrétien fut nommé à Zeïtoun (Y. A. RES, 4/32). L’administration de la sous-préfecture, sa justice et sa sécurité furent organisées afin que toutes les unités soient composées de musulmans et de chrétiens. Il fut décidé de construire un pont au dessus du fleuve Ceyhan, afin de faciliter l’accès à Zeïtoun, et par ailleurs de construire une caserne afin que Zeïtoun puisse organiser sa sécurité (İ. DH, 786/63865).
Après la fondation des comités Hentchak à Genève, et Dashnak à Tbilissi, Zeïtoun fut transformée en lieu d’activité de ces comités qui mettaient en place les actions contre l’Empire Ottoman. Les Arméniens Zeïtouniotes adhérèrent à ces comités et commencèrent à faire d’eux-mêmes ce qui était demandé. Les Arméniens de la région augmentèrent leur armement. Entre les années 1890 et 1895, des évènements tracassant le gouvernement eurent lieu (Günay, 2007, p. 279-287). Les actions mettant le gouvernement ottoman dans la position la plus difficile, furent les émeutes qui commencèrent à l’automne 1895. Ce soulèvement, organisé par le leadership de Aghassi, un des adhérents du comité Hentchak, n’a pas pu être stoppé par le gouvernement ottoman pour de nombreuses raisons telles que l’avantage géographique de Zeïtoun, la capture du poste militaire de Zeïtoun par les Arméniens, l’absence d’accommodation pour les soldats ottomans envoyés dans la région, et l’objection du sultan Abdülhamid II aux suggestions de bombardement de Zeïtoun puisque des femmes et des enfants seraient alors également touchés. En s’emparant du bureau du gouvernement, les Arméniens Zeïtouniotes y accrochèrent un tissu en disant qu’il s’agissait du drapeau arménien (Y. A. HUS, 344/127). Le gouvernement ottoman, même s’il avait pris la décision d’avoir une réaction sévère, ne mit pas sa décision en pratique. Les grandes puissances, l’en empêchèrent en ayant un rôle de médiateur (İ. DH, 1313 B/67). Au début du mois de février, ils firent une conciliation. D’après celle-ci, le gouvernement ottoman devait faire une amnistie générale qui serait également valable pour les leaders de la rébellion. Un sous-préfet chrétien devait être nommé à Zeïtoun, et les soldats et les officiers exerçant à Zeïtoun devaient être choisi parmi les Zeïtouniotes. Les dettes d’impôts des Zeïtouniotes devaient être effacées, les armes des Zeïtouniotes Arméniens devaient rester entre leurs mains, mais celles des villages Turcs et des Circassiens des environs devaient être récupérées. Tout ceci devait se réaliser sous l’œil vigilant des pays Européens ; pour cela, les grandes puissances devaient installer des consulats à Kahramanmaras. Les pays Européens devaient se porter garants de la vie, des biens, de l’honneur et de la liberté religieuse des Arméniens (Uras, 1987, p. 492-493).
Durant la 1ère Guerre Mondiale, les Arméniens Zeïtounotes mirent le gouvernement ottoman dans une situation délicate. En effet, ils ne répondirent pas à l’appel de mobilisation militaire. Les Pays Alliés y trouvèrent l’occasion d’ouvrir un front interne contre l’Empire Ottoman (DH. EM. UM. 2. Şb, 54/20-15), et Zeïtoun fut désignée comme étant le meilleur endroit pour cela. Les Arméniens furent chargés d’occuper l’armée ottomane en coupant les lignes de ravitaillement de la Quatrième Armée Ottomane. Suite à cela, Zeïtoun devint le lieu où se regroupaient les déserteurs. Les Arméniens firent irruption dans les villages musulmans des environs et les braquèrent. Les soldats ottomans qui passaient par les chemins tombaient dans des embuscades. Sur cela, le gouvernement ottoman redirigea certains soldats du front vers Zeïtoun (ATASE, BDH. Kl. 2287, dos. 32-12, fh. 1-8). Lors des opération militaires faites à Zeïtoun, 9 soldats ottomans dont le commandant Süleyman Bey furent tués et beaucoup d’entre eux furent blessés. 32 des insurgés moururent ; les autres s’enfuirent (DH. EM. UM. 2. Şb, 54/20-16). Cette opération eut une influence sur les déserteurs de l’armée. Pendant que certains d’entre eux se rendaient d’eux-mêmes, d’autres se faisaient attraper et étaient livrées à l’armée. Le gouvernement prit la décision d’exiler les leaders des Arméniens de Zeïtoun avec leurs familles car ils pensaient que ces derniers continueraient à faire perdre du temps à l’armée à l’intérieur du pays (DH. ŞFR, 52/253). Après cette décision, le premier convoi composé de 35 familles Zeïtouniotes quitta la ville en direction de Konya. En mémoire du commandant Süleyman bey, Zeïtoun fut ensuite renommée “Süleymanlı” (İ. DH, 1514, 1333/B-34).
[1] En turc « olive » se dit « zeytin » [ndt]
Ahmet Cevdet Paşa (1991), Tezâkir, sous la direction de Cavid Baysun, collection 21-39,TTK Yay., Ankara.
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BOA. Dâhiliye Nezareti Emniyet-i Umumiye Müdüriyeti 2. Şube Evrakı (DH. EM. UM. 2. şb), 54/20-15.
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