Dans les manuels turcs d’Histoire, les arméniens sont cités pour la première fois dans la partie se référant aux sujets des Xème et XIIIème siècles. Dans cette partie qui traite du sujet du Grand Selçuk, les termes de « forces arméniennes » est utilisé en se référant aux arméniens (9ème classe, 2014, p.146). quant aux manuels d’Histoire arméniens, la première rencontre des arméniens avec les turcs est qualifiée de malheur, est de nombreux termes péjoratifs sont utilisés contre les turcs, comme « envahisseur, sauvage, barbare, celui qui détruit, sans pitié » (7ème classe, 2009; 125).
Dans les ouvrages turcs d’Histoire, il est noté que les arméniens étaient présents dans la région avant la conquête de l’Anatolie par les turcs notamment à travers l’existence de principautés arméniennes, et il est observable qu’aucun terme négatif ou stéréotype ne figure dans cette présentation historique, comme le démontre le paragraphe suivant :
« Avant sa conquête par les turcs, l’Anatolie était comme ruinée, conséquence des guerres de plusieurs années entre la Byzance et la Sassanide. Ces longues guerres ont été la source de l’abaissement de la population régionale, et les peuples ayant immigré pour des raisons de sécurité s’étaient réunis dans les villes. Au XIème siècle, vivaient en Anatolie des peuples comme les grecs, d’arméniens et de syriaques. L’autorité byzantine en Anatolie s’est affaiblie avec le temps, des principautés géorgiennes et arméniennes ont vu le jour à l’Anatolie de l’Est. Cet état d’anarchie politique anatolienne était un terrain propice d’installation pour les Oghouz qui cherchaient une nouvelle yourte. Les turcs qui ont su saisir cette opportunité ont créé divers Etats dans les régions Anatolienne après la Victoire de Manzikert »
(9 ème classe 2014; 166-167).
Une autre partie où les arméniens sont cités dans les manuels d’Histoire scolaires turcs, est sous le chapitre des « Danichmendides ». les informations données dans ce chapitre concernant la guerre des turcs et des arméniens sont apportées de manière objective, comme suit : « après la mort de son père Emir Ghazi, Muhammed l’a remplacé et s’est battu contre les arméniens, l’Empire Byzantin et les forces des Croisades » (9ème classe, 2014 ; 167).
La place des arméniens dans la vie sociale et commerciale a été présentée de manière neutre dans le chapitre intitulé « La période d’essor de l’Etat Turc des Seldjoukides » : « pendant le règne de Kay Qubadh Ier, Sivas a connu un élan de développement. Selon le célèbre voyageur Marco Polo, hormis les turkmènes nomades installés dans ka région, des artisans et commerçants de toute religion et de tout peuple se sont installés en ville. De nombreuses personnes d’origines grecques et arméniennes étaient présentes dans la ville. Comme les musulmans vivant dans la ville, ces personnes s’occupaient par le commerce, l’artisanat et le tissage de tapis et de tissus satinés. Les organisations de marchands et les communautés morales influençaient le développement social et économique de la ville » (9ème classe, 2014; 177).
Or, cette même période historique est présentée dans les manuels d’Histoire arméniens sous un chapitre intitulé « l’invasion par les turcs Seldjoukides ». Face à l’utilisation du terme péjoratif « envahisseur » dans les ouvrages arméniens, il est vu qu’aucun terme négatif n’est utilisé dans les ouvrages turcs se référant aux arméniens (7. Sınıf, 2009, s.125).
Alors que la guerre avec les arméniens est citée très brièvement dans la partie intitulée « La période de règne de Kay Khusraw Ier », aucun terme péjoratif n’est présent : « suite à la mort de Kılıç Arslan II, Kay Khusraw Ier est devenu Empereur. Kay Khusraw Ier a perdu dans sa lutte contre son frère Rokneddin Suleyman Sah II et a été obligé de laisser le trône (1196). Rokneddin Suleyman Sah II a essayé de construire une nouvelle fois l’union Turque. Il s’es battu contre les arméniens, et a mis fin aux Saltuk en conquérant Erzurum (1202) » (9 ème classe, 201 ; 178).
Dans le chapitre relatant la période de Kay Kâwus Ier, il est affirmé dans les ouvrages scolaires turcs que les arméniens ont été soumis à l’impôt, mais aucun terme marginalisant n’est employé envers les arméniens : « après le décès de Kay Khusraw Ier, c’est Kay Kâwus Ier qui est passé à la tête de l’Etat. Il a su arrêter la révolte de ses frères. Il a conquis la ville de Sinop en 1214, et a soumis l’Empereur de Trabzon et les arméniens présents en Cukurova aux impôts (9 Sınıf, 2014; 179).
Dans la partie intitulée « Culture et civilisation » du manuel scolaire, il est dit « les services de fonctionnement public créés auparavant dans les Etats Islamo-turcs ont été reconduits de la même sorte. Les régions appelées « extrémité » dans les frontières byzantines et arméniennes ont été gérées par des « princes » (9ème classe, 2014 ; 181) ; il est donc observable qu’aucune qualification marginalisante ou déplorable n’est utilisé.
Il est même possible d’ajouter que des termes positifs concernant les arméniens sont utilisés dans certains passages des manuels scolaires turcs d’Histoire. Dans la partie intitulée « la ville de Konya en période des Seldjoukides » il est expliqué que les arméniens représentent une part des peuples locaux de la région ; quant au paragraphe présentant « la relation turco-arménienne » il est stipulé que le peuple turc a sauvé les arméniens de la pression byzantine et que les arméniens ont fait preuve d’un développement important dans le cadre sociétal (9ème classe, 2014 ; 182).
« Relations turco-arméniennes : lors de leur arrivée en Anatolie, les turcs ont rencontrés les peuples syriaques, rums et arméniens. Les turcs ont démontré une attitude tolérante envers ces peuples qui étaient sous leur gouvernance. Les arméniens gouvernés par les Seldjoukides, ont organisés des réunions dirigées par des évêques à Kayseri, Malatya, Sivas et Niksar, et ont reçu des aides occasionnelles par les sultans. Les arméniens ont vu des missions leur être attribuées sous la gouvernance de l’Etat Seldjoukide. Par exemple, un arménien nommé Hayton a été placé à la tête de la force marine de Sinop. La population arménienne en Anatolie sous le règne des Seldjoukides n’était pas chiffrée de façon claire, et s’occupait dans les villages et les communes par le commerce l’artisanat dans de nombreuses branches. Les arméniens gouvernés par les Seldjoukides, ont été sauvés par la pression byzantine, ont pu vivre leurs croyances religieuses de façon libre et ont connu un développement important en terme de politique et économique »
(9ème classe 2014, 183).
Dans le manuel scolaire turc d’Histoire, en 9ème classe, l’entrée des arméniens sous le règne des Mongols a été présentée sans aucune qualification négative :
« Après la défaite de Kösedag, l’Etat Turc des Seldjoukides a signé une convention de paix avec les Mongols, moyennant le règlement de taxes annuelles. Ainsi, les Seldjoukides turcs sont passés officiellement sous le règne des Mongols. Les arméniens de Cukurova et l’Empire de Trabzon ont été liés également aux Mongols »
(me classe, 2014 ; 192).
Pour conclure, lorsqu’on se penche de façon générale sur les manuels scolaires turcs d’Histoire proposés pour l’année scolaire 2014/2015, il est possible de dire que des termes et stéréotypes positifs et objectifs sont utilisés, contrairement aux manuels scolaires arméniens. Plus particulièrement dans les chapitres des manuels scolaires arméniens traitant des évènements de 1915, des qualifications négatives et des termes de haine sont utilisés contrairement aux qualifications plus objectifs utilisés dans les ouvrages turcs comme « forces arméniennes, peuples arméniens ». Les arméniens sont présentés comme un peuple apportant un plus aux turcs et à la société d’un point de vue social, économique et artisanal, un peuple préférant vivre avec les turcs en comparaison avec les autres populations, et un peuple qui s’est réfugié auprès des turcs pour éviter la répression byzantine (9ème classe 2014 ; 183). Alors que dans les ouvrages scolaires arméniens d’Histoire les arméniens sont présentés comme victimes avant la période Ottomane et des stéréotypes de héroïsme sont utilisés (7ème classe 2009, p.125), il est observable que ce type de stéréotypes ne figurent pas dans les ouvrages turcs.
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