La liberte religieuse dans l’empire ottoman et l’histoire du monastere armenien d’armach

Chez les arméniens, la religion et la nationalité, l’église et la nation sont étroitement liés les uns les autres. En fait, il faut plus parler de l’Eglise arménienne et de l’Etat ecclésiastique arménien que du peuple et de l’Etat arménien et de leur histoire. En effet, c’est l’Eglise arménienne qui a enfanté l’Etat arménien. A côté de ses devoirs et responsabilités religieuses, l’Eglise arménienne fut accepté dès le début comme une autorité politique et nationale pour le peuple arménien et perdura dans ce rôle jusqu’à nos jours. L’Eglise et son clergé furent des acteurs importants qui façonnèrent et donnèrent un sens à la communauté arménienne. Pour les autorités religieuses arméniennes, la religion et ses institutions furent des moyens pour atteindre des objectifs politiques. Dans les mains des ecclésiastiques arméniens, les monastères, les églises ainsi que les propriétés foncières et diverses richesses se métamorphosèrent en centres culturels et fédérèrent les organisations politiques et idéologiques propres à la vie d’Etat (Küçük, 1997: 1-2; Gürün, 1985, p. 30; Cumhur, 2003: 1-2).

Pour les arméniens qui dans toute leur histoire n’avaient jamais connu de structure politique tel qu’un Etat, l’Eglise combla ce vide. Aujourd’hui encore le Patriarcat arménien semble assumer les mêmes fonctions. L’Assemblée Générale de la Congrégation des Prêtres, qui dépend du Patriarcat Arménien à Istanbul, a tenu une réunion le 15 mai 2001 au cours de laquelle elle a examiné les différentes questions relatives aux églises et a exprimé sa détermination à remplir sa fonction historique.

Publié à la suite de la réunion, l’Article 2 de la “Charte des Prêtres du Patriarcat d’Istanbul” se présente de la façon suivante :

Mağakya Ormanyan Efendi Illustration 1896

Mağakya Ormanyan Efendi Illustration 189

“La Congrégation des Prêtres du Patriarcat Arménien est la protectrice fidèle de tout le patrimoine culturel et spirituel qui a été transmis à travers la mission spirituelle consacrée à la structuration cléricale du Patriarcat. Ces missions ont été menées à bien par les monastères d’Amrdolu à Bitlis et d’Armach Izmit un certain temps, par les coutumes scolastiques des séminaires de la Sainte Croix à Üsküdar jusqu’aux années 1970, par l’autonomie du Patriarcat depuis des siècles et les privilèges associés à cette autonomie, et surtout par nos heureux patriarches Hovagim de Bursa, Hovhannes de Bitlis, Hagop de Zimara, Zakarya de Kagiz, Migirdic de Van, Nerses Varjabetian de Haskoy, Horen Asikian de Keremet, Magakya Ormanian d’Istanbul, Yegise Turian d’Istanbul, Karekin de Trabzon ve Snorkh Kalustian de Yozgat”

(http://www.hyetert.com, 20 Mayıs 2003).

Les activités de Migirdic de Van (Hirimyan), Nerses Varjabetian et Horen Asikian contre l’Etat Ottoman au XIXème siècle ont été mises en évidence par des historiens turcs, documents à l’appui (Arslan 2001: 55-66; Karacakaya, 2003: 379-394). Un autre point qui attire aussi l’attention dans la Charte est cette idée de poursuivre les coutumes des monastères d’Amrdolu à Bitlis et d’Armach à Izmit.

Quand et comment fut fondé le Monastère d’Armach et quelle fut sa fonction dans le passé? Quelle était l’attitude de l’Etat Ottoman vis-à-vis des activités de ce monastère? Les réponses à ces questions sont importantes car elles montrent à la fois l’environnement de liberté au sein de l’Empire Ottoman et le rôle des lieux religieux dans le processus de rupture des arméniens d’avec la communauté Ottomane.

Lorsque les turcs sont arrivés en Anatolie, les Arméniens y vivaient de manière disparate. Après que les Turcs aient pris possession des terres anatoliennes, les Arméniens pouvaient être majoritaires dans certaines zones cependant la région occidentale de l’Anatolie ne pas connut pas de population arménienne représentative avant le XVIIème siècle. On peut citer à titre d’exemple les villes d’ Izmir, d’Isparta et de Konya (Baykara, 2004: 12-13). Les abords de la mer de Marmara commencèrent aussi à être occupées par les Arméniens après l’arrivée des Turcs dans la région. Quant aux Arméniens du sandjak d’Izmit, ils vinrent en Anatolie depuis l’Iran à l’époque du Shah Abbas (1588-1629) et de Nadir Shah (1736-1747). Cette zone d’implantation est décrite comme “le périmètre spirituel d’Izmit” par les sources du clergé arménien. L’un des plus grands centres d’implantation dans cette zone est Armach. Situé à 20 Km dans le nord-est d’Izmit, Armach fut fondé en 1608 par 300 familles venues d’Iran. En 1611, sous la direction de l’évêque grégorien Thadeos, ces Arméniens fondèrent un monastère, lieu de culte important pour la communauté arménienne d’Anatolie et lieu de séjour des évêques grégoriens. Dans son récit de voyage le Polonais Simeon fournit les informations suivantes sur Armach :

« Après avoir quitté Iznik nous sommes arrivés à un village appelé Sakarya, où se trouvaient 30 maisons et des prêtres, puis nous sommes arrivés à une plaine où se trouvaient une forêt d’un côté, et une montagne rocheuse de l’autre. Sur la montagne, un petit monastère en pierre avait été construit et à l’intérieur résidaient l’évêque Kabos venu du monastère d’Erzincan ainsi que deux moines. A côté de ce monastère, il y avait seulement trois villages peuplés d’Arméniens récemment construits. »

(Simeon, 1964: 22).

Le monastère fut placé dès sa fondation sous l’égide de l’Empire ottoman et cette zone fut protégée des dissensions des seigneurs féodaux de la région. Cependant, les tentatives arméniennes d’expansion territoriale aboutirent à des conflits avec la population voisine. L’Etat protégea alors les Arméniens à travers des concessions territoriales accordées dans les années 1611, 1717, 1758, 1787 et 1820 (Öztüre, 1981:134). Dans une requête envoyée à la sous-préfecture d’Izmit le 08 août 1880, le Ministre des Affaires Etrangères demanda à ce que le monastère arménien d’Armach continue à être protégé par le gouvernement de la même manière qu’il l’avait été jusqu’alors.

Au XVIIème siècle le monastère d’Armach fut réputé pour être un lieu de visite pour les Arméniens. A partir de 1825, il commença à être à la fois un centre de leadership religieux, un logement pour les pèlerins et un lieu d’enseignement. Selon les Arméniens ottomans de l’époque, le monastère connait son apogée entre 1889 et 1914. Durant cette période, le monastère acquit le statut de faculté de théologie. Cette école fut alors une structure d’Ecole Théologique Professionnelle liée au Patriarcat d’Istanbul. Selon son règlement intérieur, des jeunes entre 17 et 22 ans pouvaient être recrutés comme élèves. En 1896, un orphelinat fut créé pour les orphelins arméniens. Existant de 1611 jusqu’à 1922, le monastère d’Armach forma de nombreux leaders religieux arméniens qui servirent en Anatolie à Amasya, Adana, Arapkir, Bitlis, Konya, Urfa, Erzincan, Harput, Malatya, Merzifon, Much, Sivas, Van, Diyarbakir, Kutahya et en dehors de l’Anatolie à Athènes, en Egypte, à Bagdad, en Bulgarie et en Roumanie. Parmi les 36 leaders religieux qui eurent occupés de hauts postes dans ces centres, un fut nommé Patriarche d’Istanbul, un autre Patriarche de Jérusalem et le dernier le Patriarche Supérieur de Sis-Kozan (Minasian, 2000: 33-39; Sabah, 1892).

Armach était à diverses périodes de l’année le lieu de rencontre de nombreux chrétiens venant de divers points de l’Anatolie, en particulier au mois de septembre durant lequel avait lieu « la Sainte Fête du Crucifix ». L’Etat Ottoman appelait ces visites « Foire d’Armach » et offrait toutes les commodités possibles aux visiteurs (Tarik, nr. 1970, 9 Eylül 1305/1889).

Les travaux des missionnaires américains dans le « périmètre spirituel d’Izmit » débutèrent en 1845. Les missionnaires furent confrontés à des difficultés dans les premières années dues à l’idéologie grégorienne. Certains arméniens des alentours d’Adapazari, d’Izmit et de Iznik ayant des tendances protestantes furent envoyés au monastère d’Armach pour y être emprisonnés. En 1846, Van Lennep un missionnaire qui voyageait dans les environs d’Adapazarı et d’Iznik fut confronté à des insultes et ceux qui s’entretinrent avec lui furent sanctionnés. Cette situation montre l’impact du monastère d’Armach dans la région. Cependant, les missionnaires intensifièrent leurs activités dans l’éducation et la presse. Ils débutèrent leurs activités avec des réunions secrètes nocturnes, puis publièrent plusieurs ouvrages et finirent par ouvrir des écoles (Dwıght, 1854: 208, 252, 301).

Au sein de l’école protestante ouverte à Adapazari en 1847, sur 210 élèves on recensait 60 garçons et 150 filles. L’école de filles des missionnaires ouverte à Adapazari en 1862 comptait 293 élèves et l’Ecole Américaine d’Izmit ouverte en 1879 en accueillait quant à elle 97. Après la création du Hentchak et du Dachnak, l’impact des activités scolaires commença à se faire ressentir très rapidement (White, 1995: 68; Çetin, 1983: 212; Kocabaşoğlu, 2000:131-140; Nalbandyan, 1967: 50).

Les dirigeants du monastère d’Armach eurent également un rôle dans les premiers incidents arméniens qui eurent lieu dans l’Empire ottoman. L’un des soutiens matériels et spirituels de l’école, Apik Uncuyan Efendi, fut arrêté à cause de son inculpation dans les événements survenus lors de l’incident dit de « l’assaut de la Banque Ottomane » organisé par le Dachnak le 26 août 1896. Des armes à feu furent trouvées dans l’école et l’église de Galata, qui étaient alors sous la surveillance d’Uncuyan (BOA. Y.A.Res. 83/18). Malgré la saisie d’une correspondance entre lui et le comité du Dachnak, Uncuyan fut remis en liberté pour des raisons médicales (BOA, A. MKT. MHM. 630/5).

Dans les années 1890, alors que les églises et écoles commençaient à être utilisées comme caches d’armes, le monastère d’Armach ne fit pas exception. D’après un document datant de 1894, le gouvernement constata que des armes étaient envoyées de Vienne et stockées dans le monastère d’Armach. Il ordonna alors une enquête sur ce sujet (BOA, Y. PRK. SRN. 4/47).

En 1901, les villages arméniens Geyve et Karamursel avaient déjà été armés. Les journaux Trochak et Hentchak qui étaient publiés à l’étranger et incitaient les Arméniens à la révolte, étaient en fait également publiés clandestinement dans cette région depuis 10 ans (BOA, Y.MTV. 220/46). Face à ce mouvement, l’Etat Ottoman autorisa en 1905 la construction d’une école et d’une église dans le village Arslanbey peuplé de 2.300 habitants majoritairement arméniens (BOA.,Y.A.Res. 132/2).

L’armement des Arméniens de la région d’Izmit et leur propension à la révolte renforça l’importance de la foire d’Armach. Ce genre d’évènement procurait en effet un environnement favorable à la diffusion d’idées révolutionnaires. Le Hentchak et le Dachnak utilisaient ces réunions à des fins de propagande. Les propagandistes venant aussi bien des territoires ottomans que de l’étranger pour organiser des rassemblements (BOA, A.MKT. MHM. 655/41). L’évêque de ce monastère, Ormanian Efendi s’efforça à l’occasion de la foire de 1895 à monter les Arméniens contre l’Etat Ottoman. Des cartouches, des révolvers et des documents suspects furent saisis à Adapazari et ses environs (BOA, A.MKT. MHM. 655/2). L’Etat commença à mettre en place des mesures extraordinaires pour la foire d’Armach et mit en garde la sous-préfecture d’Izmit afin de prévenir tout incident. Pour assurer la sécurité publique lors des activités de 1892, la sous-préfecture avait demandé que des fantassins et des hommes montés soient dépêchés d’Istanbul (BOA, Y.Mtv. 68/1). Jusqu’en 1915, les arméniens continuèrent à se rendre en nombre à la foire d’Armach mais au fil des années, il devint de plus en plus difficile aux autorités d’assurer la sécurité et l’ordre public.

Après la déclaration de la Seconde Monarchie Constitutionnelle, le Monastère put mener ses activités plus tranquillement. Cependant la liberté qu’apporta la Monarchie Constitutionnelle accrut également l’audace des dirigeants arméniens. L’une des plus importantes crises de l’époque se produisit en 1911 lorsque toutes les foires qui avaient été prévues furent interdites par le gouvernement, y compris la Foire d’Armach, pour cause d’épidémie de choléra dans plusieurs villes ottomanes. Les Arméniens s’en référèrent alors au siège patriarcal et sollicitèrent une dérogation (BOA, DH. İD. 59/7). Suite à cette demande, il fut décidé que toute personne arrivée au monastère avant l’interdiction des foires serait autorisé à entrer au monastère. Cependant les visiteurs arrivés après cette date ne pourraient y accéder. Mécontent de cette décision, le père Hamazb Efendi s’opposa au responsable administratif d’Armach et fit ouvertement savoir qu’il ne reconnaîtrait jamais l’autorité de l’Empire Ottoman (BOA, DH. İD. 196/57, 114-2/11). L’attitude de déni des lois des représentants du monastère ainsi que leur incapacité à faire appliquer les décisions prises par l’Etat Ottoman contribuèrent ainsi à accroître l’audace des Arméniens.

Un autre incident auquel fut mêlé le monastère d’Armach se produisit le 27 octobre 1913 à Adapazari. A l’occasion de grandes fêtes organisées à Istanbul pour célébrer le 1500ème anniversaire de l’adoption de l’alphabet arménien ainsi que le 400ème anniversaire de la presse arménienne, un gendarme turc fut tué par des participants et quatre autres personnes blessées. Suite à cet incident, une troupe de soldat fut donc envoyée à Adapazari avec pour mission première de recueillir toutes les armes dont disposaient les arméniens d’Adapazari. Ces derniers n’acceptèrent cependant pas de donner leurs armes, ce qui engendra des tensions pour une longue durée. L’enquête préliminaire révéla que des arméniens d’Armach avaient été à l’origine des incidents d’Istanbul (Tanin, 27 Ekim 1913; Tanin, 29Ekim 1913; Bayur: 1991, s. 150-151).

Ces incidents illustrent clairement les tensions dans la région à la veille de la Première Guerre Mondiale ainsi que l’attitude des Arméniens cherchant le moindre prétexte pour créer des troubles. Avec le début de la guerre, les Arméniens de la région d’Adapazari passèrent à l’action : alors que la flotte Russe s’approchait de la ville d’Eregli, certains Arméniens se livrèrent à des activités d’espionnage. A l’annonce de l’arrivée imminente des Russes à Adapazari, les Arméniens laissèrent éclater diverses expressions de joie. Le gouvernement ne s’attendant pas à des actions aussi explicites si près de la capitale, il décida l’ouverture d’une enquête sur ces évènements. Au cours de cette enquête des centaines de bombes fabriquées sur place ou importées de l’étranger (notamment des Mausers et des Gras), des fusils dernier modèle, de la dynamite, de nombreuses munitions ainsi que du matériel et des outils nécessaires à la fabrication de bombes furent saisis à Adapazari. On découvrit également dans la chambre du Père Supérieur du monastère d’Armach trois à quatre énormes et puissantes bombes qui furent photographiées avant d’être expédiées à Istanbul ainsi que des armes et des munitions (BOA; DH. ŞFR. 55/192).

Les chefs de fil arrêtés dans la province d’Adapazari furent interrogés sur la façon dont ils avaient pu se procurer ces armes ainsi que leurs intentions quant à l’utilisation de ces dernières (Ermeni Komitelerinin, 1983: 292-293). Lorsque les hauts responsables apprirent que leurs plans avaient été éventés, ils formèrent des bandes armées qu’ils dirigèrent vers Yalova. Plus tard, ces groupes armés s’unirent à divers groupes de travailleurs d’Izmit et ils tuèrent de nombreux musulmans (Talat Paşa, 2000:72).

Dans le cadre de la loi sur le déplacement de populations, il fut décidé de déplacer les Arméniens vers d’autres provinces afin de ne pas laisser de population potentiellement hostile dans le dos de l’armée. Environ 58 000 Arméniens vivant dans la région d’Izmit et d’Adapazari furent ainsi déplacés. Une partie des grecs déplacés de Trakya fut installée dans les environs d’Adapazari et d’Izmit (Atnur, 1999: 127). Le Monastère d’Armach fut mis sous contrôle, toutes les affaires s’y trouvant furent recensées et la clé du monastère fut transmise à Istanbul (BOA, DH.ŞFR., 55/272).

A la fin de la Première Guerre mondiale, les Arméniens d’Adapazari qui avaient été déplacés à Istanbul commencèrent à être de nouveau déplacés à partir du 10 décembre 1918. Entre temps, l’orphelinat d’Armach avait été remis au clergé le 1er novembre 1918. Les Arméniens qui retournèrent à Armach et dans ses environs s’allièrent avec les Anglais contre les Turcs. Les Anglais arrêtèrent et condamnèrent plusieurs dirigeants turcs dans la province (İleri, 11 Aralık 1919; Osmanlı Belgelerinde Ermeniler, Belge No: 212, Ankara, 1994:179; Hadisat nr:35 23 Kasım 1918).

En août 1920, les Anglais se trouvant à Izmit cédèrent leur place aux troupes grecques. Le 9ème Régiment Grec de Crète s’installa à Armach qui devint une base militaire (Sofuoğlu, 1994:419). Lors du retrait des troupes grecques de la région, les Arméniens évacuèrent la région en même temps qu’eux. En juin 1921, 25.000 Grecs et 5.000 Arméniens furent déplacés d’Izmit vers Trakya. 1.800 des Arméniens d’Armach et de Bahçecikli furent également installés dans l’ancienne caserne turque de Tekirdağ (İleri, 15 Haziran 1921).

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